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Wednesday, February 1, 2012

La ville en est une autre

Nous entrons, à des vitesses différentes, ici et là, dans un urbain dispersé, qui englobe le territoire de la grande ville et ses infrastructures matérielles et immatérielles. Le roman est-il compatible avec l’urbain ? Pour un temps encore, certainement. Comme contexte territorial, l’urbain est d’ores et déjà présent dans des polars et des romans dits “initiatiques”. L’urbain se faufile dans tous les interstices des paysages contrastés et inattendus d’un territoire quelconque. L’urbain ne recherche plus l’effet “poids”, au contraire, il joue la légèreté, la fluidité, l’éparpillement, mais d’une manière hégémonique, qui balise et contrôle l’ensemble d’un territoire. L’urbain contemporain fonctionne en réseaux et, selon nos activités et nos milieux, notre cartographie existentielle épouse telle ou telle géographie réelle et virtuelle. Ainsi les décideurs séjournent-ils principalement dans des villes globales dont l’économie informationnelle domine le monde. De la même manière qu’aucun individu de par le vaste monde ne vit au même rythme, aucun homo urbanus ne fréquente les mêmes territoires. Conséquemment, la ville que les romanciers ont souvent, par facilité, décrite à deux vitesses, avec sa “ville basse” et sa “ville haute”, se transforme-t-elle en un urbain à plusieurs vitesses et à plusieurs espaces, pas toujours enchevêtrés les uns dans les autres, pas toujours à la même échelle, pas toujours synchrones. Elle ne respecte plus le déroulé narratif et devient de moins en moins lisible. La ville en est une autre.

Thierry Paquot

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