Selon M. Détienne et J. P. Vernant (Les ruses de l’intelligence. La mètis des Grecs) : « La mètis est… une forme d’intelligence et de pensée, un mode du connaître où sont associés le flair, la sagacité, la prévision, la souplesse d’esprit, la feinte, la débrouillardise, l’attention vigilante, le sens de l’opportunité, des habiletés diverses, une expérience longuement acquise ; elle s’applique à des réalités fugaces, mouvantes, déconcertantes et ambigües, qui ne se prêtent ni à la mesure précise, ni au calcul exact, ni au raisonnement rigoureux ». On peut aussi citer ce passage : « …la réalité que nous nous efforçons de cerner se projette sur une pluralité de plans… les savoirs d’Athéna et d’Héphaïstos, d’Hermès et d’Aphrodite, de Zeus et de Prométhée, un piège de chasse, un filet de pêche, l’art du vannier, du tisserand, du charpentier, la maîtrise du navigateur, le flair du politique, le coup d’œil expérimenté du médecin, les roueries d’un personnage retors comme Ulysse, le retournement du renard et la polymorphie du poulpe, le jeu des énigmes et des devinettes, l’illusionnisme rhétorique des sophistes ». La mètis consiste parfois, ruse suprême, à faire l’imbécile.
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